« Je detestais les oliviers »
Tout a commencé à la fin des années 60, j’avais 7 ou 8 ans. Mon père, après avoir passé 30 ans dans les mines de charbon des Cévennes, entamait une carrière d’agriculteur. Il cultivait quelques vignes, des arbres fruitiers et faisait un peu de maraichage. Mais son véritable plaisir était la culture des oliviers.
Il décida alors qu’il était temps pour moi de jouer à l’apprenti et de l’accompagner dans sa tâche. La récolte des olives d’abord, la taille des oliviers ensuite, puis tout le reste, le travail ne manquait pas. Un seul mot d’ordre, cultiver proprement, la qualité avant la quantité. Ses terres n’avaient pas besoin d’un passeport, tout était bio ou avait envie de l’être.
Je détestais les oliviers parce qu’ils avaient la fâcheuse tendance, dans les Cévennes, à donner des fruits murs en décembre, pile au moment des vacances scolaires. Hors de question donc, pour moi, d’aller jouer avec les copains à la guerre des boutons pendant cette période. Un supplice.
Après avoir récupéré notre huile au moulin il y avait un rituel à table : la dégustation de l’huile. Mon père nous regardait, ma mère mes sœurs et moi, humer puis gouter le nectar, confiant. Notre avis comptait.
En 2002, prolongeant le sillon creusé par mon père, je tourne une nouvelle page et décide à mon tour de planter 5 ha d’oliviers, dans les galets de la plaine des Costières à l’est de Nîmes. J’ai suivi pour cela à la fois les exigences du cahier des charges de l’AOP « Huile d’Olive de Nîmes » et celui de la culture biologique.